Ce
n'est pas tant Le Pen au second tour qui est inquiétant
mais le fait que ses idées soient déjà au
pouvoir... dans
l'indifférence des électeurs disciplinés
: idéologie sécuritaire, restriction des libertés
individuelles (décret anti-bivouac, vidéosurveillance,
lois contre les raves, contre les rassemblements en bas
des immeubles...), le 'problème' des immigrés...
La lepénisation des esprits est plus insidieuse.
La privatisation des services publics, la précarisation des
emplois, l'aggravation des inégalités sociales, le mépris
de la population sont responsables de la tragique mascarade du premier
tour, mais on préfère tirer à vue sur les abstentionnistes
en les culpabilisant.
Arrêtons de confondre
république et démocratie.La
délégation de pouvoir est
une imposture qui ressemble trop à une
confiscation du pouvoir. Citant Nietzsche
(L'Antéchrist) " Le prêtre
est celui qui appelle Dieu sa propre volonté ",
Bourdieu ajoute : " L'homme politique
appelle peuple, opinion, nation... sa propre
volonté ". Comme tout phénomène
de type religieux, l'appel aux urnes stimule
notre instinct animal et il est difficile
de résister à la tentation.
La 'démocratie' parlementaire n'a
jamais protégé de l'extrême
droite ; aujourd'hui cette dernière
est présente dans de nombreux gouvernements
: Italie, Autriche, Danemark...
Pendant
qu'on s'excite sur le tortionnaire, on
abandonne la contestation
sociale. Pour
masquer le terrorisme patronal, diabolisons
un vieux facho et
absolvons un voleur. Après avoir
berné le gogo, on négociera
avec les lepénistes pour qu'ils
ne dérangent pas trop le jeu du
pouvoir (n'oublions pas les Conseils Régionaux
présidés par la droite avec
l'appui de conseillers du Front National).
" Les hommes ne sont pas des bêtes comme les autres : quand le
temps est à l'orage et le vent à la révolte... ils votent " (Gaston
Couté) et ça lave la conscience : l'escroc plutôt que le
facho. On peut ensuite se rendormir pour 5 années. Ce n'est pas avec un
bulletin de vote expédié entre 'Téléfoot' et 'Loft
story' que l'on combat les idées de Le Pen.
Agir au lieu d'élire,
si les élections pouvaient changer
la vie, elles seraient interdites.