publié en 1880 dans “Le révolté” de Genève La concurrence, la lutte est un des principes fondamentaux
de la production capitaliste, qui a pour devise : Mors tua vita mea,
ta mort est ma vie. La ruine de l’un fait la fortune de l’autre. Et cette
lutte acharnée se fait de nation à nation,
Eh bien ! imaginez-vous lorsque, dans la société
future, ce principe individualiste de la production capitaliste, chacun
pour soi et contre tous, et tous contre chacun, sera remplacé par
le vrai principe de la sociabilité humaine : chacun pour tous et
tous pour chacun - quel immense changement n’obtiendra-t-on pas dans les
résultats de la production ?
Et les machines ? L’apparition de ces puissants auxiliaires du travail, si grande qu’elle nous paraisse aujourd’hui, n’est que très minime en comparaison de ce qu’elle sera dans la société à venir. La machine a contre elle, aujourd’hui, souvent l’ignorance
du capitaliste, mais plus souvent encore son intérêt.
Est-ce qu’une compagnie houillère, par exemple,
ira se mettre en frais pour sauvegarder les intérêts des ouvriers
et construira de coûteux appareils pour descendre les mineurs dans
les puits ? Est-ce que la municipalité introduira une
Le travailleur lui-même est aujourd’hui l’ennemi des machines, et ceci avec raison, puisqu’elles sont vis-à-vis de lui le monstre qui vient le chasser de l’usine, l’affamer, le dégrader, le torturer, l’écraser. Et quel immense intérêt il aura, au contraire, à en augmenter le nombre lorsqu’il ne sera plus au service des machines ; au contraire, elles-mêmes seront à son service, l’aidant et travaillant pour son bien-être ! Enfin, il faut tenir compte de l’immense économie qui sera faite sur les trois éléments du travail : la force, les instruments et la matière, qui sont horriblement gaspillés aujourd’hui, puisqu’on les emploie à la production de choses absolument inutiles, quand elles ne sont pas nuisibles à l’humanité. Combien de travailleurs, combien de matières et combien d’instruments de travail ne sont-ils pas employés aujourd’hui par l’armée de terre et de mer, pour construire les navires, les forteresses, les canons et tous ces arsenaux d’armes offensives et défensives ! Combien de ces forces sont usées à produire des objets de luxe qui ne servent qu’à satisfaire des besoins de vanité et de corruption ! Et lorsque toute cette force, toutes ces matières, tous ces instruments de travail seront employés à l’industrie, à la production d’objets qui eux-mêmes serviront à produire, quelle prodigieuse augmentation de la production ne verrons-nous pas surgir ! ![]() La version complète est disponible, sous le titre “Anarchie et communisme”. |
![]() |